SynopsLive s'arrêtera en juin 2015. Un petit retour sur huit ans de bonheur, de travail, de folies, et de rencontres exceptionnelles − et sur les raisons de la fin d'une si belle aventure.

#GoodbyeSL

Il était une fois, trois gus dans trois garages

J'avais 15 ans, et je faisais n'importe quoi sur Internet. Littéralement ; je passais mon temps sur un forum complètement déjanté, celui du Synopsite, pour occuper mes vacances et mon temps libre après mes cours du collège, puis du lycée.

Des projets, on en a créé autour de cette communauté de « Synops ! », alors que la radio que vous connaissez n'existait même pas. C'était une grande assemblée de gens pointilleux sur la langue de Molière, mais surtout fans de Reflets d'Acide, la fiction audio diffusée sur Internet par JBX, un créateur qui manie, encore aujourd'hui, les mots et les accents comme un peintre ses aquarelles.

Parmi les gens avec qui j'ai l'occasion de discuter fréquemment autour de ces projets, il y a Gregorif. Il aime bien, lui aussi, créer des trucs ; et on discute via MSN de choses et d'autres que nous trouvons le web et que nous inventons.

Un soir d'été 2006, pris d'un grand moment d'ennui − les grandes vacances n'étaient alors pas aussi remplies d'activités − je décide d'utiliser un logiciel trouvé par hasard, alors que j'essayais de découvrir comment ces gens que j'aimais bien écouter à la radio, Les Patriotes (sur Radio Framboise, une radio suisse que je captais de l'autre côté du lac), faisaient pour faire leur émission.

Certes, il devaient avoir un grand studio ; mais leur webcam montrait qu'ils utilisaient des logiciels bizarres sur des écrans. Ça existe, ça ? Ça se trouve sur le net ? Me voici alors parti sur Internet pour trouver l'existence d'un logiciel plutôt grand public, Sam Broadcaster, qui possède une version d'évaluation que je peux utiliser. Cool. Je fais donc quelques tests depuis chez moi.

Gregorif trouve ça marrant. On discute. Et puis au bout d'un moment, on se dit que ça serait drôle de faire une radio sur les sagas mp3, adossée à la communauté à laquelle on s'efforce d'appartenir, Synopsite. L'idée de Synops Live ! est née.

Le lecteur assidu aura remarqué que l'action se passe ici en 2006, un an avant la création réelle de la radio. Entre temps, on passe à autre chose ; je discute de temps en temps avec d'autres personnes, comme Pfsm999 et Jay, qui ont envie de faire un podcast sur les sagas mp3. Je leur parle de l'idée folle qu'on avait eu avec Gregorif. L'affaire est dans le sac, l'idée est bonne. On fera ça.

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C'est ainsi que le 23 juin 2007, l'antenne de SynopsLive émet pour la première fois. À l'époque, c'était juste une émission, SL27, qui parlait d'un peu tout et rien, mais surtout de fictions radiophoniques.


Huit ans de bonheur

SL27 a duré deux ans, mais leur archives sont plus ou moins volontairement invisibles ; autant dire que nos premières années étaient un peu chaotiques. Au bout de la 27ème émission, nous avons même commencé à incrémenter le titre de l'émission − oui, nous faisions SL28, SL29, etc. La seule émission disponible publiquement de cette époque reste une émission folle où nous avons invité Knarf, qui lancera d'ailleurs cinq ans plus tard Les Sondiers sur notre antenne.

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Puisqu'il devenait compliqué de changer de nom d'émission toutes les semaines, nous avons profité de la sortie du nouvel épisode de Reflets d'Acide − décidément notre pendule, notre repère temporel − pour lancer une grande refonte de ce qui restait notre principale émission. C'est le début du Grand Synops, une émission à peine inspirée du Grand Journal, avec invité, interview, pastilles et chroniques.

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Cette émission, Le Grand Synops, dura deux ans et demi, 56 épisodes. Puis suivirent Café Synops, alors qu'une véritable microgrille commence à se mettre en place à l'antenne avec la Synops Happy Hour (avec différentes émissions comme The GameBox, Bubble News ou encore Chronobobine).

Pendant ce temps, sur la même antenne, des grands rendez-vous jeux vidéo s'installent : après plusieurs années de LiveOne (puis de Grand LiveOne), InkSHD propose de diffuser son émission de débat vidéoludique, alors inédite dans le concept : réunir plusieurs journalistes et passionnés de jeux vidéo autour d'un plateau, et lancer un débat sur un sujet précis.

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C'est un succès : Respawn aura fait se retrouver dans notre studio virtuel des expert⋅e⋅s de tous horizons, et la liste est vertigineuse : Adrien Guilloteau, RealMyop, Chloé Woitier, Fox, Jibé, MotorMike, Pipomantis, Frostis Advance, Erwan Cario, Gabrielle Barboteau, MaSQuE, Kocobé, Boulapoire, Alvin Stick, Kalyoz, Kwyxz, Zelphir, Benjamin Benoit, Nicolas Tilly, Atssal, Asenka, Romain Fonteneau, Neithan, Grégoire Hellot, Michel Pimpant, Raphaël Lucas, Traquenard, Orioto, Oscar Lemaire, Youloute, William Audureau, Faskil, Gautoz… cette liste désordonnée n'est pas complète, mais vous aurez compris qu'une bonne partie du monde de la presse et des afficionados du monde vidéoludique sont passés dans le studio virtuel (ou non !) de SynopsLive dans le cadre des émissions préparées, puis produites par InkS pendant quatre ans et 32 émissions.

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Et ce suisse, non content de réaliser un concept inédit permettant de se faire rencontrer des journalistes qui n'avaient pas toujours l'occasion de trouver un terrain neutre pour discuter publiquement, a également forgé son propre talk-show thématique et régulier, sous l'impulsion et l'aide constante d'Alexleserveur ; c'est ainsi que Que le Grand Geek me Croque dura plus de trois ans et une trentaine d'émissions.

Aujourd'hui, RadioJV diffuse toujours trois émissions en direct via SynopsLive : tant Passe le Stick (et sa défunte boule magique) que Les Tauliers (et leurs débats explicites), en passant par le nouveau Player Club, ces émissions attirent toujours les férus de jeux vidéo et d'avis pointus ou légers pour réagir en direct sur Twitter. Et c'est sans compter les autres émissions en première diffusion chez SynopsLive, comme Ludographie Comparée, pour ceux qui ont envie d'aller plus en profondeur dans l'analyse vidéoludique…

Encore un exemple du foisonnement d'idées qu'a pu créer cette antenne : peu après le lancement de Respawn à l'antenne, une équipe folle de fans et d'animateurs souhaitent créer ensemble un quizz irrégulier à l'antenne : c'est le début du Duel, une émission encore diffusée aujourd'hui.

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Je pourrais vous en citer des dizaines, tant les projets qui se sont bousculés sur notre antenne se sont bousculés. D'e-Dixit, cette émission dédiée aux enjeux du numériques, à Toile Secrète, sans oublier nos copains externes de Kultur Breakdown… tous les citer en contexte seraient difficile, tant ces huit ans de diffusions nous ont amenés des anecdotes par centaines et des souvenirs par milliers.

Un rapide calcul nous permet d'estimer que SynopsLive et ses partenaires ont produit plus de 2000 heures de contenus en direct en huit années, toujours par des bénévoles, avec nos moyens personnels, sans aucune structure juridique. Pour le fun, en bref.


En 2015, à quoi sert SynopsLive ?

Difficile à dire.

Évidemment, il s'agit d'une radio formidable, avec des gens passionnés. Vous ne vous attendez pas à des termes moins flatteurs de ma part, tant je suis fier du travail constant des équipes partenaires de l'antenne depuis plusieurs années maintenant.

Maintenant, il est aussi important de prendre un peu de recul et de remarquer à quoi sert SynopsLive aujourd'hui.

Est-ce une plateforme de découverte d'émissions ? L'offre d'émissions de SynopsLive est par définition faible face au catalogue florissant de podcasts que proposent tant les acteurs historiques comme iTunes, que les nouvelles plateformes émergentes comme PodShows, sans oublier les applications spécialisées comme l'excellent Podcast Addict ; si vous voulez découvrir des émissions à télécharger, vous n'avez pas besoin de SynopsLive pour le faire.

Est-ce un label de qualité fiable, ou de curation des podcasts existants ? Hélas, cela n'est pas compatible avec le fait d'avoir une grille riche en émissions, tant il est compliqué de trouver des nouveaux concepts et les développer dès lors que l'on manque de moyens humains et techniques pour ce faire. Certaines structures y arrivent mieux que nous (typiquement RadioKawa) et ont trouvé une meilleure approche, plus légère, pour propulser et améliorer des podcasts plus variés.

Est-ce agréable à écouter toute la journée ? Sans doute. Par contre, face à Spotify, Deezer ou n'importe quel moyen d'écouter la musique que l'on préfère (avec des modes radios intelligentes qui font découvrir d'autres titres), l'intérêt d'une webradio musicale est vraiment plus faible. Plus encore, vu que nous n'avons pas d'identité musicale − si ce n'est de vous proposer des titres libres pour des raisons pratiques − il est très difficile de proposer un flux permanent de musique qui se renouvelle mois après mois.

Est-ce pratique pour écouter des émissions en direct ? Oui ! Et c'est même-là que SynopsLive a toujours réussi à proposer un véritable plus. Nos outils de diffusions sont intéressants selon les dires de ceux qui les utilisent et avec les améliorations qui leur sont prévues, c'est un confort apporté aux producteurs qui souhaitent réaliser leur émission dans le nuage. Et pour les auditeurs, le fait de n'avoir qu'à cliquer sur un bouton dans une page web (ou ouvrir un flux dans leur lecteur audio) est bien agréable, pour des émissions pensées pour le son.


Toujours quelque chose à découvrir

La réflexion dure depuis plusieurs mois, et ça fait quelques semaines que les équipes sont au courant : SynopsLive s'arrêtera en juin, et ce nom, qui est associé à tant de folies et d'émissions parfois anciennes, disparaîtra, laissant place à une constellation toujours plus active d'émissions en direct et de podcasts qui agiront à leur gré sur Internet.

Car oui, vos émissions favorites, elles, continueront. Elles ne seront pas toutes sous la même bannière, mais sous des noms que vous connaissez : tant RadioJV, RadioKawa, Comixity, ainsi que tous les podcasts individuels qui continueront de leurs côtés ; ces émissions continueront d'ailleurs d'utiliser des outils made-in-SynopsLive pour la grande majorité. Pour vous, pas tant de différence donc, si ce n'est la disparition du logo SynopsLive et du « Synops, Synops, Synops » chers à certains.

Évidemment, le site de SynopsLive vous proposera toujours des liens pour retrouver les sites de vos émissions favorites ainsi que les archives.

Nous vous préparons également une véritable fête, une belle émission, pour terminer cette aventure dans une grande joie.

Suivez @SynopsLive sur Twitter pour ne pas rater l'évènement, fin juin.


Comme vous l'avez compris, vos flux podcasts habituels ne changeront pas, vos émissions préférées continueront, et vous pourrez toujours les suivre en direct.

Seul cette inscription « SynopsLive » disparaît. Mais quel nom ! Espérons qu'il résonnera toujours en nous.

Car quoiqu'il en soit, quoi qu'il advienne, sur Internet comme ailleurs…

Il reste toujours quelque chose à découvrir. ♥


Si vous voulez nous dire quelques mots, n'hésitez pas à laisser un petit mot sur notre page Facebook, ou à utiliser le hashtag #GoodbyeSL sur Twitter.

Ou à spammer demain Passe le Stick de "Mon Message". Mieux : vous pouvez faire les deux. Je vous fais confiance.